Pour la rentrée 2020, l’Université Libre de Bruxelles avait annoncé un retour partiel des cours en présentiel : 1/3 tiers des cours en présentiel et 2/3 en distanciel, un enseignement hybride donc. Le covid n’a pas facilité les choses aux étudiants internationaux, et oui, pas l’idéal quand on veut étudier à l’étranger !

Manuela, Farah et Anna sont toutes les trois étudiantes internationales et ont décidé de faire une partie ou l’intégralité de leurs études en Belgique pour différentes raisons. Elles ont choisi Bruxelles, qui est une véritable mosaïque culturelle avec pas moins de 179 nationalités !

Pourquoi ce choix ? Comment ont-elles vécu leur arrivée ? Quel est leur ressenti face au covid et tout ce qu’il entraîne ? Elles nous livrent leur expérience et ressenti uniques.

Manuela

Je suis étudiante en master en linguistique, je viens du Mexique, et j’ai aussi fait mon bachelier en Belgique (donc ça fait trois ans que j’habite à Bruxelles). J’ai choisi d’étudier ici car c’est un pays qui abrite des personnes de centaines de nationalités différentes et qu’une grande partie des institutions européennes s’y trouvent. Je me souviens que quand j’étais au Mexique, je lisais souvent sur les journaux mexicains: « Bruxelles pense ou Bruxelles n’est pas d’accord … », le fait que l’on parlait autant de ce petit pays au nord de l’Europe, me paraissait assez impressionnant, je me disais que ce serait intéressant de venir découvrir les raisons pour lesquelles des personnes de nationalités aussi variées venaient s’installer en Belgique. J’avais aussi entendu dire que l’éducation était de bon niveau et que les universités belges avaient du prestige.

À cause de la situation covid, je suis rentrée au Mexique pendant presque six mois (mi-mars-début septembre 2020), ce que je n’avais jamais fait auparavant, mais j’ai décidé de rentrer en Belgique après ce temps car je préférais être plus proche de l’université, de la bibliothèque, et parce que je pensais que les choses allaient s’améliorer plus rapidement en Belgique et qu’on pourrait reprendre une vie étudiante « normale » en peu de temps …  cependant, ça n’a pas été le cas.  En ce qui concerne les cours en ligne, je dois avouer que j’ai encore du mal à me concentrer, comme je suis chez moi, je suis distraite plus facilement et je ne me consacre pas pleinement aux cours, même si je veux le faire. Pour moi, le fait de ne pas pouvoir parler aux autres étudiants pendant les pauses ou après les cours, vu que les cours se passent en ligne, rend plus difficile l’interaction entre camarades, et donc, il est plus difficile de se faire des amis, ce qui est important, surtout quand c’est notre première année de bachelier ou de master.

Soy un estudiante de primer año de maestría en lingüística, soy de México pero decidí venir a estudiar a Bélgica para hacer mi master, así que estoy viviendo en Bruselas hace tres años. Decidí venir aquí porque es un país en el que viven personas de cientos de nacionalidades diferentes y porque se encuentran una gran parte de las instituciones europeas. Recuerdo que cuando estaba en México leía a menudo en los periódicos: « Bruselas piensa o Bruselas no está de acuerdo… », el hecho de que se hablara tanto de esta ciudad y de ese pequeño país del norte de Europa me parecía sorprendente, quería descubrir qué era lo que hacía que personas de nacionalidades tan variadas decidieran instalarse en el corazón de Europa. Además, había escuchado decir que la educación era muy buena en Bélgica y que las universidades eran prestigiosas.

La pandemia hizo que regresara a México por casi seis meses, de mediados de marzo a principios de septiembre de 2020, algo que nunca había hecho antes. Luego de transcurrido este tiempo decidí regresar a Bélgica porque prefería estar más cerca de la universidad, de la biblioteca, y porque pensé que la situación mejoraría más rápido en Bélgica que en México y que así podríamos retomar una vida estudiantil « normal » en poco tiempo. Sin embargo no fue el caso. En cuanto a los cursos en línea, he de reconocer que me sigue costando concentrarme, pues al estar en casa me distraigo con mayor facilidad y no logro dedicarme plenamente a las clases, aunque quiera hacerlo. Para mí, el hecho de no poder hablar con otros estudiantes durante las pausas o después de clase, ya que las clases son en línea, hace más difícil que los compañeros se relacionen entre sí, por lo que no es tan fácil hacerse amigos, algo que es muy importante, sobre todo cuando estamos en nuestro primer año de licenciatura o de maestría.

Farah

Je suis en première année de master en communication corporate et marketing et je viens du Maroc. J’ai décidé d’étudier en Belgique parce que les masters proposés au Maroc ne correspondaient pas à ce que je cherchais, et puis je me voyais toujours continuer mes études à l’étranger. J’étais très excitée à l’idée de déménager et de commencer une nouvelle page avec de nouveaux amis et un nouvel environnement, mais bien sûr, tu t’imagines bien que la situation sanitaire a tout compliqué, que ce soit pour la procédure de visa qui m’a pris 3 mois, la recherche de location avec toutes les arnaques, le retard que j’ai pris dans les cours et puis la cerise sur le gâteau, je suis arrivée ici 2 jours avant le second confinement. Ça m’a pris 4 mois pour me faire mes premiers amis et on vient de se voir pour étudier à la bibliothèque des sciences humaines, c’était la première fois que je me rendais sur le campus depuis mon arrivée.

نقرا بالظبط و التخصص لي بغيت. ملي كنت صغيرة و أنا كنت عارفة راسي غادي نبغي ندير الدراسات العليا ديالي على برا. كنت متحمسة بزاف باش نجي لهنا أو نبدا صفحة جديدة، نتعرف على صحاب فبلاصة جديدة عليا ولكن هاد الوضع الصحي لكان عيشوه دبا عقد كلشي : من اجراءت التأشيرة لخدات لي 3 أشهر، نقلب على لكرا معا شحال من واحد لكايبغي إستغلك أو إشفرك أو أخر حاجة هي انني جيت يومين قبل الحجر الصحي الثاني. هادي دبا 4 أشهر و عاد تعرفت و عندي صحابي لولين و يالله تشاوفنا مؤخراً فلمكتبة ديال الجامعة، كانت هادي نيت أول مرة كنمشي لها معا گاع الدروس كاينين عن بعد.

Anna

Je m’appelle Anna, j’ai 23 ans et je suis brésilienne. J’ai choisi de faire mon Master en Communication multilingue, à finalité Multiculturalité, et je crois que c’était un excellent choix ! J’ai décidé de venir en Belgique pour faire un master et peut-être continuer ma carrière ici dans le futur, après une année d’échange en 2018-2019. J’ai fait cet échange alors que je faisais ma licence au Brésil, et Bruxelles était l’une des destinations proposées par mon université. Je voulais aller dans un pays francophone pour apprendre la langue et la Belgique a vraiment retenu mon attention. J’ai fini par tomber amoureuse du pays et de ses habitants, que je trouve très accueillants, et j’ai décidé d’y retourner en 2020. Cependant, mon arrivée en 2020 a été très différente à cause du covid-19. La procédure d’obtention du visa, toujours au Brésil, était très complexe. J’ai dû préparer mes documents à la hâte, le consulat belge au Brésil ayant été fermé pendant de nombreux mois et n’ayant rouvert qu’en juillet. J’ai dû décider si je venais dans un contexte très instable, si je m’éloignais indéfiniment de ma famille, pour préparer la documentation et changer de pays (et de continent !) en deux mois seulement. Tout s’est bien passé pendant la procédure, j’ai pu trouver facilement un logement à Bruxelles, j’avais déjà quelques amis ici et cela m’a beaucoup aidé. Un autre point important pour cette réadaptation a été d’avoir les premières semaines des cours sur le campus de l’ULB. C’était très positif car j’ai pu connaître un peu l’université et me faire des amis, qui me sont chers et avec qui on essaye de s’aider dans les moments difficiles.

Bien que je sois dans une situation délicate sur le plan personnel, loin de ma famille et de mes amis au Brésil, et dans un contexte très instable, j’essaie de voir le côté positif de toute cette expérience. Je suis reconnaissante de savoir que les personnes qui me sont chères sont en sécurité, que j’ai la possibilité d’être en mouvement et d’apprendre, même si c’est dans le cadre de cours à distance. Je me sens soutenue par les enseignants et les autres élèves, qui sont toujours ouverts au dialogue, et j’essaie de m’épanouir autant que possible. Nous sommes tous en mouvement, même si cela ne semble pas être le cas pour le moment. J’essaie de garder à l’esprit que nous devons respecter nos propres limites, demander de l’aide si nécessaire, apporter notre soutien aux autres et nous rappeler que rien n’est éternel, aucune pandémie n’a duré ou ne durera éternellement. Nous avons toujours nos rêves, nos projets et les uns les autres, ce qui est le principal !

Meu nome é Anna, tenho 23 anos e sou brasileira. Escolhi fazer meu mestrado em Comunicação multilingue, na finalidade Multiculturalidade, e acredito que foi um grande acerto! Decidi vir pra Bélgica, para fazer um mestrado e talvez continuar minha carreira aqui no futuro, depois de um ano de intercâmbio em 2018-2019. Fiz esse intercâmbio enquanto estava no bacharelado, no Brasil, e Bruxelas era um dos destinos que a minha universidade oferecia. Eu queria ir para um país francófono para aprender o idioma e a Bélgica me chamou muito a atenção. Acabei me apaixonando pelo país e pelas pessoas, que considero muito acolhedoras, e decidi voltar em 2020. Contudo, a minha chegada em 2020 foi muito diferente, por causa da covid-19. O processo para tirar o visto, ainda no Brasil, foi muito complexo. Precisei organizar minha documentação às pressas, o consulado belga no Brasil ficou fechado durante muitos meses e só reabriu em julho. Tive que decidir se viria em um contexto muito instável, se ficaria longe da minha família por tempo indeterminado, preparar a documentação e mudar de país (e continente!) em apenas dois meses. Tudo deu certo durante o processo, consegui encontrar facilmente um lugar para morar em Bruxelas, já tinha alguns amigos aqui e isso ajudou bastante. Outro ponto importante para essa readaptação foi ter as primeiras semanas de aula presencialmente no Campus da ULB. Foi muito positivo pois pude conhecer um pouco da universidade e fazer amigos, que considero muito e buscamos nos ajudar em momentos difíceis.

Apesar de me encontrar em uma situação delicada no nível pessoal, longe da minha família e amigos do Brasil, e em um contexto muito instável, procuro ver o positivo de toda essa experiência. Sou grata por saber que as pessoas que considero estão em segurança, que tenho a oportunidade de estar em movimento e aprender, mesmo que em cursos à distância. Sinto um apoio da parte dos professores e dos outros estudantes, sempre abertos ao diálogo, e procuro me desenvolver na medida do possível. Estamos todos em movimento, mesmo que não pareça no momento. Tento manter em mente que é preciso respeitar os próprios limites, pedir ajuda quando necessário, mostrar apoio aos outros e lembrar que nada dura para sempre, nenhuma pandemia durou ou durará para sempre. Ainda temos nossos sonhos, nossos projetos e uns aos outros, que é o principal!